NOUVELLES POSSIBILITES EN NUMERIQUE
L'ère numérique ouvre de nouvelles portes dans le monde de la photographie. Cet article sert de point de départ pour voir ou revoir les techniques rendues accessibles par le numérique. Au fil du texte, une série de liens renvoie vers des articles plus détaillés qui, vous le verrez rapidement, ne sont pas de trop...
L'équipement photographique a considérablement évolué ces dernières années et arrive de mieux en mieux à refléter la perception visuelle. Cependant, un certain nombre de limitations, souvent liées aux lois de la physique, restent insurmontées. L'oeil humain reste sans conteste bien meilleur que n'importe quel appareil existant, notamment sur le plan de la gamme dynamique et de la représentation des espaces colorimétriques. La reconnaissance du blanc (cf. balance des blancs) est également imbattable.
Le photographe doit donc être conscient de ces faiblesses pour être capable de les coutourner - ou à défaut, de composer avec - lors de la prise de vue et lors de la phase de post-traitement.
Lorsqu'on regarde une scène, on a le privilège de pouvoir regarder alentour, de se faire une idée très précise de la luminosité dans chaque recoin, de varier quasi instantanément les objets que l'oeil doit analyser, etc... Un appareil est loin de pouvoir réunir tous ces avantages, partiellement à cause de l'objectif. Ce sont ces aspects et leurs implications qui sont discutées dans les sections suivantes:
Les techniques décrites dans la suite du texte ont pour but de renforcer la réponse émotionnelle de l'observateur; en soulignant ce que l'on veut montrer, et aussi la manière dont on veut que cela soit vu.
PROFONDEUR DE CHAMP ETENDUE
En regardant une scène, nos yeux peuvent s'adapter à tout moment à n'importe quel objet et ce, sur quasiment tous les plans, alors qu'un appareil doit choisir un point focal particulier et une profondeur de champ, c'est-à-dire la région qui reste nette autour du focus. Cette différence oblige le photographe à faire un choix: concentrer la netteté sur un plan précis de l'image (effet de type regard furtif), ou figer l'ensemble de l'image de manière nette (comme un balayage du regard).
Jusqu'à l'arrivée du numérique, la limitation à un de ces choix était dictée par la durée d'exposition, la profondeur de champ et le bruit (ou grain de film).Mais avec un peu d'habilteté, on peut utiliser une technique qui consiste à construire une image à l'aide de plusieurs photographies, chacune étant focalisée sur un plan différent. L'exemple ci-dessous illustre cette technique qui donne une impression agréable à mesure que le regard parcourt l'image de bas en haut.
Imaginez-vous devant la scène ci-dessus, en jetant un coup d'oeil furtif soit au premier plan soit au fond. L'image de gauche ou celle du milieu seront de bonnes représentations de ce que vous verrez. D'un autre côté, une observation plus précise de l'ensemble de la composition - comme on peut le faire dans la réalité - est bien mieux retranscrite dans l'image de droite. Cette technique permet de se dégager partiellement des contraintes classiques mentionnées plus haut. Outre la netteté, à exposition équivalente, le résultat final a un bruit moindre.
GRANDE GAMME DYNAMIQUE
Dans l'oeil, l'iris permet de s'adapter aux conditions de luminosité variable, en augmentant le contraste local et en étendant la gamme dynamique dans laquelle les détails sont discernables. Cette aptitude s'illustre parfaitement dans le cas où l'observateur se situe devant une fenêtre dans une pièce sombre un jour de grand soleil; l'oeil est alors capable de distinguer les détails de la pièce tout aussi bien que les éléments qui se situent à l'extérieur.
Par contre, un appareil est souvent incapable de capturer une telle scène; où au mieux avec un contraste moins bon. Lorsque la lumière est inégalement répartie, une technique courante consiste à utiliser un filtre gradué, qui laisse passer plus de lumière du côté sombre et vice versa.
Cela fonctionne très bien, à condition que la fabrication du filtre corresponde à la répartition de lumière de la scène en question. Les possibilités sont donc limitées à des motifs simples (par exemple radial ou linéaire). Pour un paysage, un filtre permet souvent de compenser la différence entre un ciel lumineux et un premier-plan relativement plus sombre.
Pour des configurations plus complexes, avec une source lumineuse artificielle ou la lune, il faut trouver une autre solution! Une autre méthode pour augmenter la gamme de luminosité, tout en conservant un bon contraste, consiste à prendre plusieurs photographies: pour chaque zone, on choisit la bonne exposition puis on reconstitue l'image en post-traitement. Il faut alors trouver le bon motif de filtrage qui permet de réequilibrer l'éclairage. Cette technique est courante en astro-photographie.Une plus ample discussion se trouve dans le tutoriel sur la grande gamme dynamique (HDR) avec photoshop.
CHAMP DE VUE
L'oeil humain, bien que n'étant pas le plus performant que la nature ait crée, est vraiment une superbe machine. Lorsqu'on parle de champ de vue, on peut percevoir des objets à plus de 180°, ce qui dépasse largement n'importe quel appareil. Pour s'en approcher en photographie, la technique de base consiste à prendre plusieurs photographies à angles différents et à les combiner en corrigeant la distorsion et la perspective. Cela revient à faire comme pour un panorama.
L'exemple suivant montre qu'un objectif avec un angle de vue faible (seulement 17° horizontalement, soit 80 mm sur un capteur 35 mm) n'est pas une solution à négliger pour des compositions "grand-angle". Il est vrai que le travail de post-traitement est fastidieux, car il ne s'agit pas simplement d'aligner les images les unes à côté des autres. En comparant les images ci-dessous, on s'apercoit clairement que la courbure du toit doit être corrigée, par exemple. Mais l'intérêt réside dans le fait que la qualité globale de l'image peut être bien supérieure à celle d'une photographie unique.
Photos individuelles | Assemblage bien calé |
Le résultat final est une perspective qui englobe 71° d'angle de vue. Dans cet assemblage, il y a six fois plus de détails et un meilleur contraste local que dans une photographie unique. On fait aussi l'économie d'un objectif supplémentaire, ce n'est pas rien.